Quand les réfrigérateurs n'existaient pas, certaines cavités des Alpes remplies de glace naturelle en permanence, dénommées "glacières", étaient exploitées et la glace vendue en ville. La glace était débitée l'été à la hache et descendue, emmaillotée, à dos d'homme ou de mulet, pour être vendue chez les limonadiers ou poissonniers. Avec l'essor des brasseries, distilleries et les habitudes de bien être qui augmentent sans cesse, les glacières naturelles ne suffisent plus aux besoins de la population. Les lacs de montagne et les glaciers ne donnent que de la glace impure. Elle contient des limons et des impuretés qui la rendent impropre à la consommation. Pour obtenir de la glace de bonne qualité, il faut la fabriquer à partir de l'eau de rivière. Le Haut-Buëch convient parfaitement à une telle exploitation. Les hivers sont rigoureux, l'eau est en abondance, la ligne Grenoble-Veynes-Marseille est à proximité, et l'hiver les paysans autochtones sont disponibles. Les Glacières Générales des Alpes, fondées en 1882 par Henri Gignoux, négociant en produits exotiques à Genève, sont situées autour du Buëch, à Lus-la-Croix-Haute (Drôme), Aspres-sur-Buëch, La Roche-des-Arnauds et Saint-Julien-en-Beauchêne (Hautes-Alpes). Le Buëch prend sa source dans le vallon de la Jarjatte, à Lus-la-Croix-Haute, et se jette dans la Durance à Sisteron. La glacière est à la fois le site de production (lac de congélation) et le site de stockage (bâtiment dont les parois sont isolées par des cloisons contenant de la sciure). Les bâtiments sont réalisés avec les matériaux locaux : murs en pierres, parois intérieures en bois. Longueur 30 mètres, largeur 15 à 20 mètres, hauteur 10 mètres. Les Glacières Générales des Alpes fournissaient en glace la marine militaire et marchande, les grandes villes du sud-est de la France et les stations de la Côte d'Azur. |